Faire du Tourisme dans les vignes du Grand Est
L’Est de la France est riche en vignobles : la Champagne, l’Alsace, la Lorraine avec la Moselle, la Meuse et le Toulois, le Jura, la confidentielle Haute-Saône et la Bourgogne avec toute sa diversité. L’offre œnotouristique est vaste et variée. Les routes des vins fleurissent depuis longtemps, mais des propositions plus ciblées et totalement personnalisables tendent les bras sur les sites des régions viticoles. De villages en coteaux, de châteaux en caves, d’abbayes en coopératives, les vins se révèlent, ouvrant leur intimité à un public de néophytes ou d’amateurs éclairés.
Le tourisme du vin est un émerveillement constant
L’extrême nord de la Moselle, à la frontière du Luxembourg, peut constituer un point de départ pour un grand parcours de découverte de l’univers du vin vers le sud de la Saône-et-Loire, avec Romanèche-Thorins, au-delà de Mâcon, qui marque la fin du vignoble bourguignon. De même, d’ouest en est, de Château-Thierry à Colmar, la route est belle et pleine de vins agréables… Le tourisme du vin est un émerveillement constant, par le produit lui-même et par le patrimoine auquel il se rattache.
Deux cépages sont présents partout : le chardonnay et le pinot noir. Les deux peuvent entrer dans les assemblages du champagne. Ils sont aussi les rois des vins mythiques de Bourgogne. On les rencontre tout autant dans le Jura que dans la Meuse et en Alsace, même si, en termes de vins blancs, cette AOC tire davantage de renommée du riesling, du pinot gris ou du gewurztraminer… Les vignerons de l’est en font voir de toutes les couleurs : blanc, rouge, rosé et aussi gris dans les Côtes de Toul. Les mêmes cépages ne donnent pas du tout les mêmes arômes suivant qu’ils sont cultivés sur un coteau de Nuits-Saint-Georges, dans la craie d’Essoyes, ou du côté de Champlitte. L’oenotourisme permet de découvrir ces différences et de les comprendre. Le fruit de la vigne dépend du lieu et du travail des hommes.
Les moyens de locomotion pour se lancer dans les vignes sont désormais presque aussi nombreux que les cépages !
La Culture et la culture de la vigne sont intimement liées. Tout comme l’histoire des vignobles est marquée par l’Histoire de France. Les guerres, l’évolution économique, technologique, industrielle, ont eu une influence essentielle sur le vin, elles expliquent son développement et ses difficultés. Les régions proposent de découvrir les produits et de visualiser tout ce qui fait leur identité à travers des moyens de plus en plus variés.
Les routes des vins laissent toute liberté aux visiteurs de choisir leurs itinéraires et leur rythme. Mais les initiatives se multiplient pour rendre ludiques et thématiques les parcours. Se laisser guider dans les kilomètres de galerie d’une cave de champagne à Épernay a un certain charme. Se lancer dans une randonnée à cheval du côté de Château-Chalon en a tout autant. Les moyens de locomotion pour se lancer dans les vignes sont désormais presque aussi nombreux que les cépages ! Le vélo, la trottinette, qu’ils soient électriques ou non, le Segway, la charrette tirée par des chevaux, le quad, la « deux-chevaux » Citroën, le Solex, les petits trains, l’ULM ou le parapente en tandem pour les plus intrépides, voire le tuk-tuk électrique pour les plus originaux, la marche tout simplement pour les plus calmes, tout est possible. Les offices de tourisme, les syndicats de vignerons, les sites Internet des appellations, recensent les propositions. Évidemment, une région viticole ouvre largement sur le patrimoine. Le vin attire des touristes susceptibles d’apprécier les beautés architecturales ou naturelles et dans l’autre sens, le patrimoine peut aussi mener au vin. L’interaction dans tout ce qu’elle a de favorable. Les amateurs de vin jaune visiteront avec plaisir le village de Château-Chalon, considéré comme le phare du vignoble du Jura. Ce village belvédère, perché au bord d’une falaise, a donné son nom à l’un des crus les plus rares du monde. La Franche-Comté se distingue encore par les vins de Haute-Saône, du côté de Champlitte ou de Charcenne. Des lieux où l’on voit encore quelques influences du temps de la possession espagnole…
Au pied du massif des Vosges, les merveilleux vins alsaciens partagent le territoire avec de très nombreux châteaux
Le champagne amène des touristes à Reims. La capitale des sacres – pendant plus d’un millénaire les rois de France y ont reçu l’onction qui les consacrait -, ne peut qu’inciter à déguster le vin qui est produit tout autour. La Côte des Bar fait connaître la lutte des vignerons de l’Aube. Au pied du massif des Vosges, les merveilleux vins alsaciens, si spécifiques, partagent le territoire avec de très nombreux châteaux. Les villages fleuris avec leurs maisons à colombages transportent dans le temps. La Lorraine et son triptyque, Moselle, Meuse, Toulois, a aussi de quoi séduire. La ville de Metz, au cœur du vignoble des Côtes de Moselle, possède un remarquable patrimoine architectural, mêlant les influences françaises et allemandes. Les vignes des Côtes de Meuse prennent place à proximité de nombreux hauts lieux de la Première Guerre mondiale : Verdun, Les Éparges, la Tranchée de Calonne… Quant à Toul, l’ancienne capitale des Leuques, tribu gauloise citée dans « La Guerre des Gaules » de Jules César, elle avait déjà des vignes sur ses collines calcaires au IVe siècle et accueillait un évêché.
L’œnotourisme montre d’ailleurs bien souvent que la religion et le vin ont été intimement liés. Ce n’est pas le village d’Hautvillers (51), où se trouve la tombe du moine Dom Pérignon, auquel on attribue la création du champagne, qui contredira cette idée… La géographie, l’histoire, l’architecture et bien sûr le vin, l’œnotourisme est une remarquable façon de découvrir les belles régions de l’Est.
Vins et gastronomie
Le vin peut se suffire à lui-même, mais il prend de l’ampleur avec un repas. L’offre de la table est tout aussi importante dans l’Est que celle des vins.
Les « Caudalies » à Arbois ont une cave remarquable, constituée par le MOF sommelier Philippe Troussard. Les vins du Jura y occupent une place importante.
Tout comme les champagnes dominent largement dans la cave de « L’Assiette Champenoise », à Tinqueux, dans la banlieue de Reims, où le chef Arnaud Lallement fait briller ses trois étoiles.
À Épernay, » La Grillade Gourmande » de Christophe Bernard met également en avant le champagne : les bouchons des bouteilles ouvertes remplissent chaque mois de grands vases transparents…
Dans le Toulois, le restaurant « Au Caveau »,à Bruley, propose exclusivement des vins des Côtes de Toul !
À Plappeville, près de Metz, « La Vigne d’Adam » dispose d’une cave généreuse ouverte à tous les vignobles. François Adam a été élu caviste de l’année en 2018 par la Revue des Vins de France !
L’offre alsacienne est plus que pléthorique. À l’initiative des Grandes Maisons d’Alsace, des dîners-dégustations permettent de découvrir des vins en présence des vignerons et du sommelier Pascal Leonetti.
Quant à la Bourgogne, elle regorge également de belles tables. « Le Montrachet »,à Puligny-Montrachet, a une cave somptueuse avec des tarifs justes, quel que soit le niveau du vin.
L’exemple bourguignon
La Bourgogne est particulièrement vaste. À la fois géographiquement et par le nombre de ses appellations. De Joigny (89) au nord d’Auxerre, jusqu’à Mâcon aux portes du Beaujolais, les paysages et les vins sont différents, même si la région est la même. « Qui plus est, nous n’avons que deux cépages majeurs : le chardonnay et le pinot noir », souligne Virginie Valcauda, directrice de la communication en charge de l’œnotourisme au BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne). « Le principe du mono-cépage ne triche pas. Il n’y a pas moyen de jouer avec l’assemblage. En Bourgogne, ce sont le terroir, le millésime et le travail du vigneron qui parlent. Toutes les appellations ont leur charme, leurs spécificités. »
La Bourgogne regroupe à elle seule 84 appellations ! Pour certaines, la mention de « dénominations géographiques complémentaires » précise l’identification de territoires plus restreints. Par exemple Mâcon peut-être suivi de 27 noms de villages… Il faut donc du temps pour découvrir toute la région. Les divers « packages » proposent de visiter les zones géographiques, de s’attacher aux grands crus ou aux caves plus confidentielles, de passer par les sites les plus représentatifs. « Beaune est un lieu incontournable, presque un passage obligé », poursuit Virginie Valcauda. « Cette ville concentre une offre touristique conséquente, que ce soit en termes d’hébergement, de restauration, de caves, de patrimoine… Les Hospices sont mondialement connus et le méritent. Mais il y a également d’autres lieux symboliques tels que Vézelay, le château du Clos de Vougeot, la Roche de Solutré… »
Les clivages historiques, la fracture nord-sud, ont eu une influence sur la dénomination des « climats bourguignons », les terroirs. « Les paysages du Mâconnais, voire du Chalonnais, ont déjà des allures sudistes », ajoute Virginie Valcauda. « Les toitures des maisons n’ont pas le même style, le même type de couverture, que vers Nuits-Saint-Georges ou Chablis. La ligne de démarcation, tristement célèbre, passait par Chalon-sur-Saône et Buxy… »
La Bourgogne compte de nombreux vins prestigieux, et très chers. Plusieurs vignerons sont amenés à posséder des parties réduites de certaines parcelles. « Celle du Clos de Vougeot compte le plus grand nombre de propriétaires différents : près d’une trentaine ! Le moindre pied de vigne revêt une importance considérable. »
Source: republicain-lorrain.fr